Pour les premières et les terminales : analyse filmique d'un court-métrage de Jean-Gabriel Périot et corrigé

 

SI JAMAIS NOUS DEVONS DISPARAITRE… (2014) : un court-métrage de Jean Gabriel Périot, 15mn23

Pour voir le film sur le site du musicien Michel Cloup : http://www.michelcloup.com/videos/si-jamais-nous-devons-disparaitre-2014-un-court-metrage-de-jean-gabriel-periot/

1.       Avant le premier plan ci-dessous, qu'est-ce qui attire notre attention ?

Avant ce premier plan, c'est le grésillement des caissons sous tension qui attire notre attention. On entre dans le film par un son et non par l'image. L'énergie au sens littéral à travers ce courant électrique est déjà palpable.

2.       Quel type de plans semblable à celui-ci vont se succéder et combien ?

1-       Cinq gros plans sur des machines ou instruments de musique succèdent au premier plan qui montre des boutons de réglage.

 

3.       Que représentent ces plans ?

1-      Ces plans représentent des instruments qui servent à enregistrer ou à amplifier le son. On annonce que la musique va prendre le relais des voix humaines qui se sont tues.

4.       Quel type de plan ci-dessus ?

1-      Un plan large fixe sur la scène d'au moins 5' donc assez long pour une vue où il n'y a pas d'action. Cela introduit déjà une atmosphère étrange car on ne voit pas l'effervescence  habituelle des préparatifs d'un concert ou d'une salle qui se remplit de spectateurs avant l'entrée des musiciens sur scène.

 5.       Décrivez la nature du son persistant qui accompagne ces premières images du film.

1-      Le silence "s'électrise", on est sous tension mais sans qu'il se passe quoi que ce soit.

 6.       Quel effet ce son produit-il sur le spectateur ?

1-      Curieusement on a plutôt l'impression que quelque chose s'est arrêté et que cela produit une gêne, une attente. Aucune parole ne vient meubler ce silence.

 

7.       Plusieurs plans sur un public silencieux qui attend se succèdent. Comment cette foule est-elle filmée pour atténuer l'anonymat des individus ?

 1-      La foule est rendue moins anonyme avec la caméra qui se rapproche et fait la mise au point sur un seul visage à la fois en laissant les autres personnages dans le flou.

 

8.       Entrée des musiciens en scène. Qu'entend-on habituellement lors du début d'un concert et par quel son est-ce remplacé ici ?

1-      Habituellement quand les musiciens entrent en scène, on entend le public manifester sa joie avec des applaudissements ou des sifflets. Là on entend juste le son des instruments qu'on déplace et des pieds sur le sol. Cela crée une confusion chez le spectateur qui a pourtant vu dans les plans précédents les personnes d'une foule.  Foule qui est d'ailleurs curieusement invisible au-devant de la scène alors que la caméra est située bien à l'arrière pour avoir la scène en vue d'ensemble.

 

9.       Décrivez ce qui fait la singularité de l'apparition du titre.

1-      L'apparition du titre apparait au moment où le concert va débuter. L'apparition de chaque mot du clip est martelée par un coup de tambour qui s'intensifie visuellement par la grosseur des lettres qui augmente. Le raccord avec le plan suivant se fait par le battement du tambour.

 

10.   Comment dans les plans suivants (semblables à celui-ci), les musiciens sont-ils filmés ?

1-      Des gros plans sur les instruments mais cette fois-ci joués avec les mains en mouvement.

 

 11.   Qu'est-ce qui a changé avec ces deux  plans ci-dessus dans la manière de filmer le public et le musicien ?

 1-      Champ et contre-champ sur les musiciens qui jouent et la foule qui bouge. Un dialogue et une mise en mouvement s'instaurent. L'ombre et la lumière oscillent discrètement sur les visages. Tout commence à bouger et à s'animer ensemble.

12.   Quelle ambiance s'en dégage ?

1-      Une communauté s'installe en vibrant à l'unisson.

 

13.   Comment le réalisateur procède pour attitrer notre attention sur cette femme ?

 1-      Par son regard caméra, sa position de plus en plus centrale dans le cadre et l'éclairage de son visage.

 

14.   04:29 : Décrivez la musique qu'on entend et comment le réalisateur la fait dialoguer avec l'image pour renforcer son intensité ?

 1-      Les projecteurs s'allument en suivant le rythme de la musique. La musique devient plus saccadée comme si on refusait de lier les notes. Certains sons de guitare s'apparentent presque au son d'une sirène qui annonce un danger. Ça s'emballe, s'affole, la tension s'exacerbe. Les musiciens sont vus en contre-jour. Ombres et lumière contrastent fortement.

15.   Comment évolue la manière de filmer la femme et quelle impression s'en dégage ?

1-      La femme fait face à l'ombre du guitariste qui envahit l'écran avec ses sons stridents. Son visage qui est filmé de plus en plus près exprime une inquiétude avec ses sourcils légèrement froncés et ses yeux brillants, rougis presque humides comme s'ils étaient sur le point de pleurer.

 

16. Que se passe-t-il du point de vue du récit (= quelle manière de filmer ?) dans le plan ci-dessus ? 

 1-      C'est un cut avec un plan noir qui interrompt brutalement le récit.

17.   Décrivez ce plan et expliquer ce qu'on qu'imagine tout d'abord avec ce corps allongé ?

1-      On imagine un corps mort avec le pouce raide et figé dans le vide sur lequel la caméra fait la mise au point pour bien le mettre en évidence.

 18.   Quels éléments  suivants viennent nous rassurer ?

1-      D'abord, le mouvement presque imperceptible de son vêtement qui se soulève légèrement sous l'effet de la respiration, suivi d'une profonde respiration. Puis la lumière qui éclaire de nouveau ce visage qui sort de l'ombre en se mettant doucement à bouger.

 

19.   Qu'est ce qui rend ce cadrage sur la main si singulier ? 

 1-      À 08:46 le pied rentre dans le cadre sur la droite puis en ressort. Après c'est au tour de la main suivie de tout le corps qui roule sur lui-même en traversant tout l'écran. Le corps sorti du champ, il ne reste plus que la main tendue comme s'il s'agissait d'un point d'ancrage autour duquel le corps se met en rotation. On songe aux aiguilles d'une montre, au temps qui passe, à quelque chose qui nous retient et à partir duquel le corps se met en mouvement.Main tendue vers qui, vers quoi ?

20.   Qu'est ce qui accompagne le mouvement du corps qui se relève ?

 1-      Le son du tambour comme un battement de cœur qui revient à la vie accompagne le corps qui se redresse. Ce son perçu dès le début du film fait son retour.

 

21.   Quel changement de format de l'image ici et qu'est ce que ça introduit symboliquement pour le récit ? 

1-      Le format en cinémascope cadre le personnage. On n'est plus dans une plénitude de l'image sur tout l'écran mais dans un resserrement de l'espace comme un étau qui enferme et contraint davantage les corps.

22.   Décrivez les mouvements  de la femme  et à quoi ils te font penser ? 

 1-      Les mouvements très rectilignes de la femme font penser à un robot ou à une machine qui répète inlassablement les mêmes mouvements.

23.   Comment la caméra filme-t-elle la femme et les musiciens sur scène ?

1-      La caméra tourne autour des trois personnages en accomplissant un travelling. Aux mouvements de la femme répond la mise en mouvement circulaire de la caméra.

 24.   Quelle impression s'en dégage ?

 1-      Une sorte de mise en transe qui donne le tournis, un isolement des personnages aussi comme s'ils étaient au centre d'une arène en train de livrer un combat et qu'on les observait de l'extérieur.

 

25.   Comment s'appelle cette compilation de plans sur un même écran ?

1-      Un split screen ou écran partagé. Par ce procédé les trois corps en mouvement se réalignent, semblent retrouver une unité alors que sons et mouvements s'intensifient de façon agressive. On a l'impression d'une machinerie implacable qui ne peut plus s'arrêter.

 26.   Qu'apporte  la voix à la musique instrumentale ?

1-      Le cri de rage d'un corps qui tente de résister à sa mécanisation.

 27.   Qu'apporte la lumière stroboscopique aux derniers plan de cette performance chorégraphique et musicale ?

1-      La lumière stroboscopique avec ses tons froids renforce les saccades du mouvement. On n'est plus dans une fluidité des corps et de la musique mais dans une lutte sans merci où on attend l'arrêt final qui mettra un terme à cette folie.

28.   A quels combats ce spectacle peut-il faire écho ? 

Les combats ne sont pas identifiés dans ce spectacle mais on pense aux contraintes ou agressions de toutes sortes que le corps peut subir et qui le transforment en une machinerie qui n'a plus rien d'humain

29/30. Qu'est-ce que tu imagines de l'univers artistique de ces musiciens à partir de ce film ?

 Clément : Un univers porté sur des problématiques sociales actuelles, des musiques engagées comme sur le monde ouvrier dans ce clip ou dans leur concert adaptant "A la ligne" de Joseph Ponthus.

Kevyn : Un univers relativement particulier et qu'il faut rentrer dans leur monde pour comprendre ou bien c'est effectivement tout un univers sur la psychologie.

Félix : J'imagine un univers fragmenté et transcendant, une autre façon de voir la musique, de poser des images dessus et de considérer que les deux sont indissociables, de jouer avec ça et de jouer surtout avec son auditoire, même quand il n'est pas présent avec eux, en s'amusant avec le son, en le faisant accélérer, aller de plus en plus vite et le faire venir de partout. À la fois je vois de la musique vivante qui exprime, même sans paroles, des choses fortes et parlantes, une performance permanente et pas un groupe présent uniquement pour faire des profits, que ce soit en matière d'argent, qu'en fans et en célébrité. Bref, je vois un univers décomplexé et magnifiquement illustré dans des performances techniquement très intéressantes.

Lili : On peut penser que leur univers est très sombre, un peu épileptique mais aussi totalement déconnecté du reste du monde, de l'extérieur.

Élisa : Ils ont un univers très abstrait, créatif et engagé.

Héloïse : J'imagine un univers très particulier et singulier dans lequel ils dénoncent certaines choses. Une sorte de révolte.

Hugo : J'imagine un univers artistique plutôt fermé et sobre (peu de musiciens sur scène et un décor très neutre).

Charlotte : J'imagine un univers abstrait dans lequel chacun peut laisser libre court à son imagination. Les jeux de lumière, la musique intense et les voix donnent un point de départ à notre inspiration et le côté mystique colle avec toute sorte de scènes.

Nathanaël : L'univers artistique de ces musiciens est assez vaste mais a beaucoup de présence dans le milieu ouvrier et dans les musiques engagées.

Robert : A partir de ce film, j'imagine l'univers artistique de ces musiciens très rythmé, avec du rock, un univers plutôt obscur qui parlent des difficultés à surmonter avec de l'espoir.

Quentin : J'imagine qu'ils utilisent la musique pour raconter quelque chose. Pas quelque chose de structuré mais plutôt des sensations nous laissant imaginer un récit.

 

En conclusion :

Un film qui a le rythme d'un clip actuel mais sans en avoir la superficialité. Ici la noirceur a remplacé les voitures et les belles filles de certains clips pour une introspection dans un lieu clos où se mène le combat d'un corps qui tente d'échapper à toute forme d'asservissement ou d'aliénation. Les procédés cinématographiques mis en œuvre isolent ou réunissent les protagonistes. Le montage apporte autant de rythme que la musique qui entraine les protagonistes à leur perte dans un mouvement qu'ils ne peuvent plus suivre. La lumière devient de plus en plus contrastée pour renforcer la montée en puissance de cette folie destructrice.

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