Pour les terminales : Analyse filmique de Solaris de Tarkovski, 1972


 

Solaris (1972, film de science-fiction) du cinéaste russe Andrei Tarkovski (1932-1986)

Analyse filmique du début et de la fin du film

Synopsis : La planète Solaris, recouverte d'un océan, a longtemps intrigué les chercheurs qui y ont installé une station. Faute de résultats concluants, le docteur Kris Kelvin, un homme bouleversé par le suicide de sa femme, y est envoyé afin de définir s'il faut fermer la station ou non. Sur place, il découvre l'équipe du laboratoire spatial pris par une folie à laquelle il risque de succomber lui-même.

 

Analyse de la séquence du début du film, 3mn54

Kris Kelvin retrouve la veille de son départ son père dans la datcha familiale

https://www.youtube.com/watch?v=ABIEQdBhpwA

De l'eau on passe très vite aux longues herbes  puis à la découverte de Kris Kelvin qu'on découvre par un lent travelling vertical. Noter qu'on part toujours de la terre et qu'on voit très peu le ciel pour monter l'attachement du personnage au lieu de son enfance.

  • Quel bruit lui fait baisser la tête ?      
  •  Le bruit de l'eau sur les longues herbes ondulantes contraste avec le plan suivant sur des feuilles (1:31). Quels sons sur ces feuilles avant d'amorcer de nouveau un travelling vertical sur Kris Kelvin ?
  • Quelle différence entre le bruit de pas du début du plan et la sortie du cadre par le personnage (de 1:53 à 2:06) ?
  • Quel type de son et d'intensité est utilisé pour la traversée du champ par Kris Kelvin ?
  • Quel est le mouvement de caméra utilisé pour accompagner cette traversée ?
  • Près de l'étang (à partir de 2:42), on note quelle intensité sonore ?
  • Pourquoi mêler les bruits de pas aux bruits de nature de façon si distincte ?
  • Qu'est ce qui introduit l'arrivée de Kris Kelvin de nouveau au bord de l'eau dans le plan suivant (à partir de 3:04) ?
  • Qu'apporte le plan de  l'irruption d'un cheval au galop à cette séquence ?
  • On entend deux sons de goutte d'eau qui semblent presque résonner ? Quel effet cela produit sur nous ? Noter le bruit très distinct de la boite métallique déposée ensuite sur un rocher.
  • Quand Kris Kelvin se lave les mains dans l'eau, on note d'abord un bruit d'eau très présent mais qui n'est plus du tout le même que celui de l'eau au début du film. Quelle différence ?
  • Comment s'appelle le son qui consiste à entendre la voiture sans la voir ?

 

 Le compositeur russe Edouard  Artemiev (né en 1937 à Novossibirsk en Union soviétique) est spécialisé dans la musique électronique et les bandes originales de films. Il utilise pour Solaris des nappes et des bruits.

  • Définissez ce qu'on appelle " nappes" en musique électronique.

Extrait de Listen to Bach (The Earth)

https://www.youtube.com/watch?v=oPJg7s1a7vM

 

 

Analyse de la fin du film, 6mn43 :

https://www.youtube.com/watch?v=_T2qtUGT_40

 

  •  Sur quel plan commence la musique pour faire la transition entre la station spatiale et le retour sur terre ?
  • Quel changement dans la couleur des herbes flottantes ?
  • De retour sur terre, la musique s'est substituée à quels bruits ?
  • Que vous évoque cette musique ?

Noter qu'à l'arrivée du chien, la musique s'arrête (3mn02) juste avant que Kris Kelvin se remette à marcher pour introduire le plan suivant.

  • À quel endroit symbolique se situe Kris Kelvin quand débute une nouvelle musique ?
  • Comment la musique se transforme quand Kris Kelvin  se colle à la fenêtre ?

Noter la musique lente et menaçante bien loin d'une scène de retrouvaille quand le père se rend compte de la présence de Kris Kelvin.

Noter le changement de sons intenses et désagréables à entendre  quand on aperçoit la maison familiale du ciel sur une île au milieu de l'eau.

  • Quelles différences sonore et visuelle entre le premier plan du film et ce dernier plan ?

 

Article de Thierry Jousse paru en 2019 : https://www.traxmag.com/bande-originale-electronique-chef-d-oeuvre-cinema/

Extrait :

SOLARIS, 1972

Réalisation : Andreï Tarkovski, musique : Edouard Artemiev

Science-fiction et musique électronique sont des mots qui vont très bien ensemble. L’une des plus belles illustrations de ce proverbe instantané, c’est bien sûr le film d’Andreï Tarkovski Solaris, réponse hallucinée du grand maître russo-soviétique au 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Dans cette grande plongée mentale dans l’espace-temps, les flux électroniques d’Edouard Artemiev, compositeur contemporain et auteur de la musique de plusieurs films de Tarkovski, jouent un rôle crucial. Avant lui, il y avait eu, dans les années 1950, sur le versant américain, Bernard Herrmann saisi par le thérémine dans Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise, et surtout la fascinante partition entièrement électronique de Louis et Bebe Barron pour Planète interdite. Mais, au tout début des années 1970, Artemiev va plus loin dans l’expérimentation en privilégiant des sons telluriques et des climats abstraits qui nous entraînent dans un voyage aux allures psychédéliques. Dans Solaris, pas de mélodie à proprement parler, mais des agrégats de sons électroniques qui éclatent dans le silence effrayant des espaces infinis, même si la musique de Bach rappelle, de temps à autre, l’existence de Dieu. L’électronique expérimentale d’Artemiev est comme l’intelligence artificielle du film de Tarkovski : elle nous fait planer, nous fait pénétrer de plain-pied dans le corps céleste et dans les souvenirs tourmentés de Kris Kelvin, le psychologue envoyé sur la planète Solaris. Une expérience sensorielle sans espoir de retour.

 

Extrait de Listen to Bach (The Earth)

https://www.youtube.com/watch?v=oPJg7s1a7vM

 

 

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