Pour les terminales : L'homme à la caméra de Dziga Vertov, 1929

"Un film sans acteurs, sans comédiens (…) un ciné-poème qui trouve sa musique dans la seule organisation des images. C'est un chant inspiré, joyeux qui consacre les noces du cinéma et de la réalité."

Présentation du film par Claude-Jean Philippe lors de Ciné –club du 30/01/1972 (4mn49) :

« D’emblée le cinéma de Vertov se positionne contre. Contre un cinéma du scénario, contre le recours aux intertitres, contre un cinéma d’acteurs et de décors factices, bref, contre un cinéma inféodé aux autres arts, la littérature et le théâtre. Pour Vertov le cinéma doit restituer la vie telle qu’elle est et non plus telle qu’on veut bien la mettre en scène et telle qu’on bien la jouer. À ce qu’il appelle le « ciné-drame », Vertov va maintenant opposer ce qu’il appellera le « ciné-œil ». Car pour lui, le cinéma doit trouver son propre regard apporté sur le monde. Il doit inventer un langage universel. »

Une analyse du film par Luc Lagier (10 min.), in DVD L’Homme à la caméra, Éditions Scérén C.N.D.P., Collection « L’Éden cinéma », 2003.

Synopsis : Odessa s’éveille. Un jour comme les autres s’annonce. L’homme à la caméra sillonne la ville, son appareil sur son trépied à l’épaule. Il saisit son rythme et à travers lui celui des vies qu’il croise. Sans parole ni sous-titre, sans acteur ni décor, le film est d’une grande richesse formelle, le montage y jouant un rôle central. L’Homme à la caméra est une démonstration, une expérience, qui vise à prouver que le cinéma, quand il s’éloigne du récit, est le seul à pouvoir rendre compte de la réalité avec une telle force.

À écouter en replay sur France Culture (1heure) : Dziga Vertov, sono-portrait par Andréa Cohen et Gaël Gillon en 2015 :

"Et voici qu’un jour de printemps 1918, je rentre de la gare. J’ai encore aux oreilles les soupirs, le bruit du train qui s’éloigne… quelqu’un jure… un baiser… quelqu’un s’exclame… Rire, sifflet, voix, coups de la cloche de la gare, halètement de la locomotive… Murmures, appels, adieux… Je pense chemin faisant : il faut que je finisse par dégotter un appareil qui ne décrive pas mais inscrive, photographie ces sons. Sinon, impossible de les organiser, de les monter. Ils s’enfuient comme fuit le temps. Une caméra, peut-être ? Inscrire ce qui a été vu… Organiser un univers non point audible, mais visible ? Peut-être est-ce là la solution ?"

Dziga Vertov

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